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AMD se confie : IA, GPU et stratégie produits

Ce week-end, le site ComputerBase a mis en ligne un article qui relatait des échanges avec Jack Huynh, vice-président senior en charge du groupe Computing and Graphics, au cours d’une table ronde avec la presse dans le cadre de l’IFA 2025. Pour une raison non précisée par la source, ce papier a été retiré du site depuis — mais reste consultable via la Wayback Machine. Les discussions couvrent des sujets divers, et offrent ainsi quelques éclairages sur certains aspects.

amd ifa 2025

© ComputerBase

Pas de produits, mais du bruit

En préambule, vous l’aurez constaté, AMD n’a officialisé aucun produit lors du salon. L’entreprise a justifié ce choix par la volonté de réserver les annonces à des événements dédiés. Une approche qui rappelle celle du CES 2025, où les Radeon RDNA 4 s’étaient fait remarquer par leur absence. AMD avait alors avancé le même argument : ce type de manifestation ne fait pas honneur aux produits, lesquels méritent leur propre scène. En septembre comme en janvier, la société reporte donc d’éventuelles annonces aux semaines à venir.

Toute la première partie de l’article de ComputerBase se focalise sur l’intelligence artificielle. La forme est assez longue, mais le fond peut se résumer en quelques lignes. Grosso modo, les têtes pensantes d’AMD estiment que l’IA est encore sous-estimée de nos jours, et que les « trois à cinq prochaines années seront très riches en développements » ; l’IA est présentée comme un « outil capable de faire progresser l’humanité, à l’instar de ce qu’a fait Internet il y a quelques décennies ». Libre à vous de considérer qu’Internet a effectivement fait progresser l’humanité. En revanche, n'oublions pas que toutes ces entreprises qui vantent la révolution IA sont juges et parties, et qu'elles comptent profiter de cet engouement.

Pour en revenir à des considérations plus terre à terre, Jack Huynh a précisé que même dans l’ère de l’IA qui se profile, un « bon PC » resterait un compagnon idéal. Selon lui, il faudra simplement composer avec l’intégration de NPU (Neural Processing Unit) de plus en plus performantes au sein des processeurs des ordinateurs — sans supplanter CPU et GPU. De fait, il suffit de regarder les puces de smartphones pour constater que ce trio est la norme depuis plusieurs générations ; qu’à chaque nouvelle, les fabricants vantent des gains dans les trois domaines. Pour les NPU, l’article souligne ainsi qu’elles ne prendront « jamais entièrement en charge les tâches des deux autres ». Ajoute que sous cette forme, elles se focaliseront davantage sur l’efficience (performances par watt) que sur la performance brute.

Pour rebondir sur ce propos, AMD affiche une certaine assurance face aux puces ARM. Selon l’entreprise, l’idée selon laquelle le x86 ne peut pas être efficace est un mythe. En témoignerait l’autonomie largement accrue des dernières générations de Ryzen et de Core pour ordinateurs portables (Strix Point et Lunar Lake).

Dans un autre registre, le représentant d’AMD a aussi commenté — ou plutôt refusé de commenter — le récent rapport du Jon Peddie Research. Vous savez, celui qui n’accorde que 6 % de parts de marché aux Radeon, contre 94 % aux GeForce. La société a renvoyé aux analyses de Mercury Research, qu’elle considère comme plus fiables (ou pour le dire autrement, AMD émet de sérieux doutes sur les données du JPR).

Malheureusement, les chiffres de Mercury Research sont encore plus jalousement monétisés que ceux du JPR. Nous n’avons pas trouvé de publications récentes concernant les GPU. En revanche, beaucoup de médias ont traité le rapport du T2 2025 sur les CPU. Et en se limitant à une donnée facilement comparable entre ces deux sources, à savoir les PDM AMD / Intel au sein des serveurs, les chiffres concordent (27 %). Sinon, de manière purement empirique, les meilleures ventes de cartes graphiques Amazon France placent huit GeForce et deux Radeon dans le Top 10 ; la première Radeon, une XFX RX 9060 XT OC, arrive en septième position. C’est « pire » si l’on prend le Top 10 US, puisqu’il n’y a alors qu’une seule Radeon : la même carte (signée Gigabyte), mais à la 4e place. Enfin, notre coup d’œil à la dernière enquête Steam montre l’hégémonie des GeForce chez les joueurs.

Bref, ce n’est peut-être pas 6 % de Radeon, mais assurément pas 60. Et après tout, si AMD est si fière des parts octroyées par Mercury Research, rien ne l’empêche de communiquer dessus. Par ailleurs, l’entreprise n’a pas souhaité donner suite à la suggestion de certains journalistes qui proposaient de séparer complètement les Radeon de la branche gaming dans les rapports financiers, afin que leur participation soit clairement visible.

Sinon, FSR Redstone, une composante du FSR 4, est bien dans les délais : il sortira comme prévu au cours de ce semestre, et fera l’objet d’une présentation séparée.

fsr redstone

Passons encore du coq à l’âne avec le cloud gaming. Tandis que NVIDIA va faire passer l’abonnement Ultime du GeForce Now à l’architecture Blackwell, AMD a rejeté toute idée d’un « Radeon Now ». Rien d’étonnant à cela : NVIDIA a plusieurs longueurs d’avance sur ce marché ; marché sur lequel Google s’est cassé les dents avec Stadia, et où Microsoft subsite tant bien que mal avec son Xbox Cloud. Accessoirement, les Super Pods GeForce Now exploitent des Ryzen Threadripper. En outre, l’un des attraits du GeForce Now est de pouvoir profiter de certains jeux tout bien ray tracés ; RDNA n’excelle pas vraiment dans ce domaine. Enfin, AMD a sûrement déjà fort à faire avec ses APU pour les consoles : les fixes (PlayStation 5 et Xbox Series), mais aussi les portables, avec le Steam Deck et consorts.

Terminons avec la défense d’AMD, invectivée par certains confrères sur l’hétérogénéité de sa gamme et son manque de clarté. L’exemple le plus emblématique est bien sûr celui des Ryzen Z2. Cette série mélange plusieurs architectures de CPU et de GPU, à savoir Zen 2, Zen 3, Zen 4, Zen 5 et RDNA 2, 3 et 3.5. AMD a reconnu que ce chevauchement pouvait prêter à confusion. Mais la société estime que ses détracteurs prennent le problème du mauvais côté. Son porte-voix a expliqué que « le nom du produit vendait une expérience actuelle » ; puis il a détourné l’attention sur Intel, en pointant du doigt ses nomenclatures trompeuses. Bref, Zen 2 en 2025, pas sûr que ce soit tout à fait actuel. Quant à Â« C’est pas moi qui ai commencé ! », c'est apparemment un invariant malgré les prétendus progrès de l’humanité.

Le lien WayBack Machine de l'article source.
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