Écrans gaming : où en sommes-nous en 2025 ? |
————— 10 Octobre 2025 à 16h03 —— 755 vues
Écrans gaming : où en sommes-nous en 2025 ? |
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Avec plusieurs centaines de références chez chaque détaillant, pour des écrans difficiles à départager et noyés sous un charabia marketing, ce marché a tout d'une jungle. Un cas typique où la surabondance finit par tuer le choix, et où la décision repose souvent sur la réputation d’une marque, ou sur la bonne affaire du moment. Car si les logos et badges pullulent dans les rayons, les dalles, elles, sont fabriquées par une poignée d’acteurs seulement, et reposent sur quelques technologies de base, sans cesse peaufinées. Munis de notre clavier, tentons de démêler cette frondaison.
L'antre du joueur selon © Asus
Sur la base des données de FMI (Future Market Insights) consacrées spécifiquement aux écrans gaming, ce marché se porte bien. Il devrait passer de 11,35 milliards de dollars en 2025 à 21,51 milliards de dollars en 2035, avec un taux de croissance annuel moyen (CAGR) de 6,6 %. L’Asie du Sud et la région Pacifique devraient enregistrer le CAGR le plus élevé, à 7,1 % sur la période étudiée.
Cette étude nous apprend qu’en 2025, les dalles IPS conservent la plus grande part du marché (environ 45,2 %). Elle souligne aussi que les acteurs clés restent ASUS, Acer, Dell (Alienware), MSI, Samsung, LG Electronics, BenQ (Zowie), Gigabyte (AORUS), ViewSonic et HP (OMEN, HyperX).
Outre la prédominance des écrans IPS rapportés ci-dessus, en matière de définition, malgré le battage médiatique autour de la 4K, cette résolution ne touche que 4,6 % des utilisateurs de Steam (en mono-écran) selon la dernière enquête sur le matériel de la plateforme. Le 1080p reste largement majoritaire (54,4 % en août), tandis que le 1440p concerne environ un joueur sur cinq.
On s'étonnera toujours un peu de la modernisation somme toute assez lente que remontent ces statistiques fournies pat Steam — sans doute un effet de bord des 147 millions d'utilisateurs actifs.
Bien sûr, un panorama complet inclurait aussi les consoles. La majorité des joueurs y restent connectés à la TV du salon, mais nombres d'utilisateurs branchent leur console à un moniteur PC. Difficile toutefois d’évaluer leur poids réel : les forums où participent lesdits gamers attirent surtout les technophiles, pour un probable biais de surreprésentation.
Les données de Statcounter confirment cette tendance, sans distinguer les pratiques. À l’échelle mondiale, pour les desktops, le 1080p est le plus plébiscité avec un peu plus de 19 % du parc. Il existe de nombreuses résolutions bâtardes, mais le 720p devance le 1440p avec respectivement 5 % contre 3,3 %. En Europe, le 1080p reste largement devant, avec 25,9 %. Suit le 864p avec 12,4 %, tandis que les deux définitions évoquées plus haut, le 720p et le 1440p, végètent à 5,6 % et 4,4 %.
Quoi qu’il en soit, l’idée ici est de voir le marché par le prisme des moniteurs gaming. Donc par le biais de la population des joueurs. Et maintenant que les cartes graphiques de dernière génération sont bien installées — avec la promesse éternelle de toujours plus d’images par seconde à des définitions plus élevées — vous envisagez peut-être de renouveler votre écran. Et vous auriez raison : selon le moniteur que vous utilisez, c’est parfois l’investissement le plus pertinent pour redécouvrir ses jeux. Car, que vous ayez une vieille Radeon Vega, une PS5 Pro ou une GeForce RTX 5090, c’est bien l’écran qui a le dernier pixel.
Frère a transformé Descartes en « Je stream donc je suis »
Côté offre, le marché des moniteurs gaming est tout sauf moribond ; au contraire, dynamisé par un nombre très important d’acteurs, il grouille de vie. Côté demande, les attentes sont variées et les besoins disparates, même en se bornant au secteur gaming. Comme toujours, tout est une question de budget. En conséquence, il serait illusoire de dégager une unique tendance. Néanmoins, quelques pistes se profilent.
La plus visible est sans doute la lente démocratisation de l’OLED et du QD-OLED. Les prix pour les modèles de 27 à 34 pouces débutent désormais à 550–700 euros. Les générations de dalles se succèdent et renouvellent la promesse d’une excellente reproduction des couleurs et de noirs profonds et précis. Quant au temps de réponse de cette technologie, de l’ordre de quelques dizaines de microsecondes, elle cochait déjà toutes les cases pour répondre aux exigences du gaming dès son arrivée. Ceci étant, il y a toujours des évolutions mises en avant, à l'image de l'Anti-Fliker. L’autre axe de progrès concerne bien sûr la durabilité, notamment grâce à l’ABL (Auto Brightness Limiter) et à diverses optimisations logicielles censées réduire les risques de burn-in.
Le ROG OLED Anti-Flicker 2.0 du XG27UCDMG, ou, prenez une très grande inspiration, « l'algorithme avancé de compensation de la luminance [qui] augmente dynamiquement la luminosité des pixels lors des fluctuations de la fréquence de rafraîchissement afin de garantir des images plus cohérentes sans augmenter le lag d'entrée ou compromettre les fréquences de rafraîchissement ».
Même dans ces fourchettes de prix, le LCD résiste, en partie grâce au Mini-LED. Longtemps réservé à des écrans très chers, il se décline désormais sur des diagonales plus accessibles, 27 ou 32 pouces, avec des prix d’entrée situés entre 550 et 800 €. Les fabricants augmentent aussi drastiquement le nombre de zones de rétroéclairage : on est passé de quelques centaines à plus de 2 300 zones locales sur certains modèles récents (pas mal restent à 1 152 ou 1 196, à l'instar du MSI MPG 274URDFW E16M ou de l'Odyssey Neo G7 S32BG750NP). Résultat : un HDR plus crédible, souvent certifié DisplayHDR 1000 ou 1400, et un blooming mieux contenu. Un rapport de Mordor Intelligence sur la période 2025–2030 estime d’ailleurs que l’érosion des prix du Mini-LED, liée à l’amélioration des rendements de production, devrait se manifester à court terme (moins de deux ans) sur tous les marchés, avec toutefois une prévalence en Asie.
En haut, le MSI MPG 274URDFW E16M et sa dalle IPS à 1 152 zones de gradation ; en bas, l'Odyssey Neo G7 S32BG750NP armé d'un panneau VA Mini-LED à 1 196 zones © MSI / Samsung
Sur le terrain des fréquences et définitions, certaines combinaisons s’imposent. Le 4K à 240 Hz, encore de la science-fiction en 2023, se concrétise sur des écrans de 27 à 32 pouces signés Asus (ROG Strix XG27UCDMG), MSI (MPG 272URX) ou encore Samsung (Odyssey G8 S27FG810SU). Les prix restent toutefois très élevés, de l’ordre du millier d’euros. De fait, le rapport précité anticipe une demande portée par les titres esport pour les moniteurs 4K / 144 Hz, dans les trois régions (Amérique du Nord, Europe, Asie de l’Est), à moyen terme (c’est-à-dire au cours des 2 à 4 prochaines années). Quant au 1440p à 360 Hz et plus, apparu timidement fin 2024, il bourgeonne désormais de nouvelles références (UltraGear 27GX790A, Philips Evnia 27M2N8500...).
Dans un autre registre, les constructeurs proposent aussi des bêtes de course dont certaines grimpent jusqu’à 610 Hz en 1080p (AGON PRO AG246FK6, BenQ Zowie XL2586X+...), quand des prototypes dépassent les 700 Hz au prix d’une définition asthmatique. Armés de dalles TN, ces écrans ciblent exclusivement les ultra-réactifs du clic et autres joueurs e-sport. Mais les arguments ne manquent pas. Chez BenQ, pour vendre le Zowie susmentionné, on tente carrément de démontrer que TN > OLED.
Hegel du service marketing, remplace ponctuellement Bob.
Enfin, les amateurs d’ultraaaaaawide voient fleurir des modèles 49 pouces capables de tenir 240 Hz, avec un VRR plus stable qu’auparavant. Ces moniteurs DQHD (5120 × 1440 pixels) ont largement été popularisé par les les Samsung Odyssey G9, avec ou sans OLED, et sont dorénavant trouvables dans pas mal de catalogues. Leur taux d’adoption reste bien entendu marginal à l’échelle du marché gaming — en raison de leur tarification, de leur encombrement qui les rend impraticables pour beaucoup, ou encore de la puissance graphique nécessaire pour les alimenter. Ils séduisent — à raison — une niche d’utilisateurs, qu'ils soient amateurs de simulation (course, vol), "créateurs de contenu" au sens large ou joueurs en quête d’immersion totale. Moyennant 1 800 euros, les plus fortunés ont aussi l'opportunité d'attaquer directement en 57 pouces, avec l'Odyssey Neo G9 G95NC DUHD (7680 x 2160 pixels), toujours capable d'évoluer à 240 Hz.
L'ÉNORME G9 57"
D’autre part, les certifications progressent et tentent de clarifier un marché saturé de sigles marketing. Le VESA ClearMR, un label qui doit mieux comparer la netteté en mouvement, commence timidement à supplanter les valeurs GTG ou MPRT. Le VESA DisplayHDR True Black distingue désormais les OLED des LCD HDR classiques.
Deux normes VESA qui tentent de s'imposer
Pour la connectique, l’adhésion aux derniers standards reste hélas très hétéroclite. La présence d’un port HDMI 2.1 n’est pas toujours corrélée aux spécifications de l’écran. Ce n’est pas problématique pour la majorité des PC, qui communiquent avec la dalle via un DisplayPort, mais ça peut l’être pour un branchement avec les consoles de dernière génération. Dans le même temps, l’USB-C avec Power Delivery de 65 à 90 W se généralise, rendant ces moniteurs attractifs pour les usages hybrides, entre télétravail et jeu.