Qualcomm met la main sur Arduino, l’âme des makers mise à l’épreuve |
————— 11 Octobre 2025 à 09h00 —— 541 vues
Qualcomm met la main sur Arduino, l’âme des makers mise à l’épreuve |
————— 11 Octobre 2025 à 09h00 —— 541 vues
En milieu de semaine, Qualcomm a annoncé le rachat d’Arduino. Le nom de cette entreprise ne parlera peut-être pas à tous les lecteurs. Mais il risque de raviver chez certains les réminiscences de leurs jeunes années — chez ceux qui ont fourbi leurs compétences sur les célèbres cartes Uno de la société (qui avait fêté son quinzième anniversaire en 2018 ; elle a donc 22 ans cette année), ou qui ont appris à programmer à l’aide de l’environnement logiciel Arduino IDE (un langage dérivé du C/C++, mais conçu pour être plus accessible aux débutants). Ou encore chez les bidouilleurs de microcontrôleurs et autres aficionados de l’électronique d’aujourd’hui.
Arduino UNO Q © Qualcomm
En effet, Arduino est bien connue dans les milieux techniques, informatiques et d’ingénierie. Avec sa plateforme open source, abondamment documentée, elle s’est imposée comme un outil d’initiation incontournable pour les étudiants et les électroniciens, bien avant l’arrivée des Raspberry Pi ou ESP32. Bref, une marque emblématique, à la croisée du monde académique et du bricolage électronique — présente aussi bien sur les bureaux des salles de classe que sur les établis des makers pour filer la métaphore.
En conséquence, la voir tomber dans le giron de Qualcomm n’enchante pas tout le monde. D’autant que la démarche trahit sans doute la volonté de la firme américaine de rendre ses kits de développement et ses gammes de produits IoT plus accessibles aux étudiants et aux bidouilleurs — donc, in fine, aux acteurs de demain. Avec, logiquement, une crainte quant à la préservation de « l’esprit » Arduino. Pas sûr que la déclaration de Nakul Duggal, directeur général du groupe Automotive, Industrial and Embedded IoT chez Qualcomm Technologies, Inc., rassure les sceptiques :
Avec nos acquisitions de Foundries.io, Edge Impulse, et désormais Arduino, nous accélérons notre ambition de démocratiser l’accès à nos produits de pointe en matière d’IA et de calcul pour la communauté mondiale des développeurs. Arduino a su bâtir une communauté mondiale de développeurs et de créateurs particulièrement dynamique. En combinant leur esprit open source avec le portefeuille de produits et de technologies de pointe de Qualcomm Technologies, nous permettons à des millions de développeurs de concevoir des solutions intelligentes plus rapidement et plus efficacement — tout en leur ouvrant la voie vers une commercialisation à l’échelle mondiale, en s’appuyant sur la puissance de notre écosystème.
Pour Arduino, déjà engagée dans une montée en gamme avec sa série Pro à destination de l’industrie, s'acoquiner avec Qualcomm constitue un levier évident pour renforcer son positionnement sur le segment professionnel. Tout l’enjeu sera de maintenir le juste équilibre entre la communauté éducative et celle des makers, face au secteur industriel, plus rentable. Sauf à vouloir une bascule.
Fabio Violante, PDG d’Arduino :
En unissant nos forces avec Qualcomm Technologies, nous renforçons considérablement notre engagement en faveur de l’accessibilité et de l’innovation. Le lancement de l’UNO Q n’est qu’un début : nous sommes impatients de donner à notre communauté mondiale les moyens de disposer d’outils puissants qui rendent le développement de l’IA intuitif, évolutif et ouvert à tous.
Au passage, notez qu'aucun montant n'a été communiqué.
Quoi qu’il en soit, ce partenariat a déjà , vous l'aurez compris, abouti à un premier produit : l'UNO Q. L’entreprise la présente comme la première carte Arduino capable d’exécuter Linux. Elle embarque un quadricœur Qualcomm Dragonwing QRB2210 avec GPU, associé à un microcontrôleur STM32U585, dans une « combinaison unique permettant de faire cohabiter applications Linux, contrôle temps réel et IA légère ». Plus spécifiquement, le Dragonwing QRB2210 est conçu pour les produits de robotique et d’IoT nouvelle génération. Il exploite un CPU quadricœur à 2,0 GHz, un GPU Adreno et deux processeurs de signal d’image (ISP). Proposée à partir de 44 $, cette Uno Q embarque 2 Go de RAM (une version 4 Go est prévue) et 16 Go de stockage eMMC.
Arduino la compare à l’UNO R4 (facturée 27 $). La page précise que celle-ci « est une carte à microcontrôleur pur, idéale lorsque l’on souhaite rester simple, efficace et centré sur le matériel. Elle offre des performances basse consommation et temps réel pour des tâches telles que la lecture de capteurs, le pilotage d’actionneurs ou la création de prototypes IoT. Entièrement compatible avec les shields et bibliothèques Arduino, et bénéficiant de la simplicité de l’Arduino IDE, elle constitue un excellent choix pour apprendre, expérimenter et transformer rapidement une idée en projet fonctionnel ».
À l’inverse, l’UNO Q « va un cran plus loin en ajoutant à son microcontrôleur un processeur compatible Linux. Cela permet d’exécuter des modèles d’IA, de traiter des images et du son, ou encore de connecter des applications Web avancées, tout en conservant le contrôle matériel via le STM32 MCU. Grâce à App Lab, il devient même possible d’orchestrer le tout depuis un seul environnement, en mêlant sketches Arduino, scripts Python et modèles d’IA ».
Au cas où vous vous poseriez la question, l’Arduino App Lab est la nouvelle plateforme de développement exécutable directement sur l’UNO Q ou sur un autre ordinateur. Elle vise à simplifier la création et la maintenance d’applications mêlant Linux et microcontrôleur.
L’entreprise précise qu’il est toujours possible d’utiliser l’Arduino IDE pour exécuter ses sketches sur le sous-système microcontrôleur de l’UNO Q, ou d’employer ses propres outils via l’Arduino CLI, entre autres. Mais d'après elle, pour exploiter pleinement les capacités de l’UNO Q, l’outil idéal reste Arduino App Lab. Cette plateforme est « conçue pour offrir une expérience inédite en intégrant en toute simplicité les sketches Arduino, le Python et l’IA ». Arduino App Lab est compatible avec tous les principaux systèmes d’exploitation : Windows 10 ou version ultérieure (64 bits), macOS 11 ou version ultérieure (64 bits), Ubuntu 22.04 ou plus récent, ainsi que Debian Trixie (64 bits). L’application est également préinstallée nativement sur le système Debian de l’Uno Q.
Par ailleurs, la FAQ précise qu’en matière d’open source, rien ne change, pour l'instant. Les schémas et fichiers Gerber de l’UNO Q restent disponibles sous licence CC-BY-SA 4.0.
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