En cabine • L'expérience Starlink |
————— 24 Novembre 2025
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On peut effectivement parler de kit. Après une procédure 100 % en ligne, simple et rapide, vous recevrez le carton du kit standard sans chichi : une antenne, un routeur, un bloc d'alimentation, et deux câbles pour l'ensemble : une alimentation, et un RJ45 de 15 mètres, l'antenne étant alimentée en PoE. L'ensemble est évidemment prévu pour l'extérieur avec différents niveaux de certification IPxx, d'IP67 pour l'antenne à IP56 pour le routeur.
Durée de l'installation : environ 5 min, sauf si vous décidez de monter sur le toit, ce qui sera nettement plus WAF que dans le jardin, ou faire une installation plus propre requérant perçages, rebouchages et autres bricolages de circonstance ; des prestations existent si nécessaire, nous l'évoquons plus bas. L'application vous guide pour vérifier les obstructions aux alentours de votre antenne qui demande 110° de vision dégagée — des fois que vous auriez oublié l'arbre, ce bon vieil ami fidèle qui vous fait le l'ombre quand il fait 40 °C, honte à vous —, l'orientation de cette dernière si vous n'avez pas opté pour la version motorisée, une éventuelle mise à jour côté firmwares : c'est en place, connecté et parfaitement fonctionnel. Votre abonnement débute d'ailleurs à cet instant, ainsi que votre premier prélèvement. Ça change agréablement des techniciens plus ou moins efficaces qui d'ailleurs ne se privent pas pour arracher des câbles voisins lors de leurs interventions sur les points de mutualisation, ou des procédures plus ou moins reloues que l'on connait habituellement chez les opérateurs classiques. La seule contrainte technique de cette installation, c'est bien d'avoir une vista entièrement dégagée pour l'antenne face aux cieux.
Les câbles extérieurs ont tous des terminaisons avec un double soufflet de la sorte : astucieux et très efficace pour éviter eaux et poussières ; ici le câble RJ45 assurant la liaison vers l'antenne en data mais aussi en alimentation.
Le Net par satellite, ce n'est pas franchement nouveau : cela existe pour le grand public depuis les années 2000. Mais avec des contraintes de taille, d'abord un coût élevé, des débits anémiques et surtout des latences interdisant nombre d'utilisations. C'est là que la constellation satellitaire en orbite basse fait débat, mais fait également avancer significativement le schmilblick : on passe d'une orbite à 36 000 km à une orbite dans une plage comprise entre 370 et 1200 km — ~550 km pour Starlink ; c'est à dire 65 fois plus proches. Fort logiquement, les latences sont réduites sur un facteur déca, de l'ordre de ~500 ms à ~30 ms, et les puissances nécessaires pour les échanges RF en sont d'autant diminuées également. Mais à propos, comment fonctionnent les échanges ? On pourrait penser de prime abord que Starlink communique à grands coups de liaisons laser : mauvaise piste, celles-ci seraient trop sensibles aux conditions atmosphériques, nuages et pluies en tête. Ces liaisons sont néanmoins effectives entre les satellites, permettant des échanges plus rapides, et nécessitant de fait moins d'infrastructures au sol et les éventuelles contraintes légales propres aux territoires qui vont avec. Pour ce qui nous concerne nous autres terriens, on reste sur de la bonne vieille liaison radio, dans ce cas sur le spectre des micro-ondes Ku et Ka, allant de 10 à 30 GHz.
![Enlarge your pe...icture starlink / l'antenne dishy sur son toit, tranquille billoute [cliquer pour agrandir]](/images/stories/articles/divers/starlink/starlink-antenne-dishy_t.jpg)
Notre antenne en pleine action. Oui en effet, c'est assez impressionnant.
L'antenne Starlink — Dishy pur les intimes — est une antenne réseau à commande de phase. Vous êtes bien avancés, hein ? Cela permet une orientation électronique d'un faisceau sans mouvement mécanique, et un suivi simultané de plusieurs liaisons pour maximiser le débit ; le tout via des centaines d'éléments rayonnants, 1280 plus exactement, disposé en hexagone sous la fausse apparence de pelle à pizza de votre antenne. D'où la nécessité impérieuse d'un parcours absolument dégagé entre cette dernière et les satellites jusqu'à être sortie de la troposphère (soit une altitude de 12 km), puisqu’au-delà nous sommes dans la stratosphère ayant peu d'impact sur la circulation des ondes électromagnétiques, puis dans l'espace frooooâââ, et surtout vide de tout obstacle. Oui c'est ça : au final, on a une sorte de Wi-Fi dopé, pointé vers le ciel. Les données sont transmises au satellite visible le plus optimal, qui les retransmet soit directement vers une station terrestre connectée à internet par fibre optique, soit vers d'autres satellites avant d'atteindre une station.
Les satellites se déplaçant rapidement, votre antenne change de satellite toutes les 2 à 4 minutes : c'est le phénomène d’handover, votre antenne maintenant toujours plusieurs connexions simultanées pour éviter les coupures. On vous laisse imaginer la chorégraphie du parcours de l'information initiée via les algorithmes de routage, visant à calculer les routes optimales à travers la constellation de Spoutniks dévoués à la tâche, gérer les handovers entre ces derniers, équilibrer la charge entre satellites disponibles le tout en minimiser la latence en choisissant les chemins les plus courts possibles. Latences — avec quelques phases prédictives pour mieux compenser les variations notamment dues aux mouvements des satellites, oui comme dans vos CPU, affinées qui plus est via du machine learning — que l'on pourrait découper de cette manière :
Une mise en orbite d'une grappe de satellites V2 mini
Des mouvements de satellites ? Hé oui madame, chacun d'entre eux gère en autonomie sa trajectoire pour éviter des collisions avec des débris spatiaux, ou encore maintenir sa position orbitale. Et puis tant qu'on y est, il faut également songer aux interférences, qu'elles soient induites par d'autres satellites, ou par les liaisons 5G en surface, utilisant un spectre d'ondes se chevauchant avec celles de Starlink. À y songer, sacrée symphonie. Et vous savez quoi, la baguette du chef d'orchestre fonctionne franchement bien, de la stabilité de la connexion, au ping, en passant par les débits, nous n'avons expérimenté aucun désagrément durant la période d'essai.
Pour rappel, nous utilisons ici un kit standard dont le contrat promet des débits jusqu'à 270 Mbit/s en download et jusqu'à 30 Mbit/s en upload. Nos mesures en débits descendants font une moyenne de 363 Mbit/s. En débits ascendants, c'est 59 Mbit/s de moyenne sur nos relevés, c'est à dire quasi le double de la promesse initiale. Du coté des latences, et c'est ici le plus intéressant, on est en moyenne sur 41 ms mais surtout avec une stabilité remarquable. Cela fait de Starlink une solution située entre une fibre d'entrée de gamme et une excellente 5G, sans les inconvénients inhérents à ces deux solutions : pannes, instabilité, congestion, les deux derniers points étant plus spécifiques à la 5G.
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