Qualcomm accusée de mentir sur les performances de ses Snapdragon X Elite / Plus |
————— 25 Avril 2024 à 13h36 —— 34507 vues
Qualcomm accusée de mentir sur les performances de ses Snapdragon X Elite / Plus |
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En octobre dernier, Qualcomm avait présenté son SoC Snapdragon X Elite. Une premier aperçu sous la forme d’un condensé de promesses et d’une avalanche de comparaisons face à des processeurs x86 Intel et AMD mais également Arm Apple Silicon, pour une puce décrite comme inauguratrice d’une nouvelle ère pour les machines Windows on Arm. Le baratin ordinaire de ce type d’évènements en somme, mais avec une barre tout de même fixée assez haut. À l’occasion de cette première entrevue, l’entreprise évoquait une sortie courant 2024. Depuis, il y a eu une succession de fuites dans des benchmarks, ainsi que diverses présentations en petit commité auprès de journalistes. Puis la semaine dernière, Qualcomm nous a de nouveau donné rendez-vous, le 24 avril, via un message posté sur le réseau social X. Comme prévu, la firme américaine a donc livré davantage de détails au cours d’un évènement modestement baptisé : « The PC Reborn ».
Nous avons eu droit à l’introduction d’une gamme finalement bicéphale, constituée de Snapdraon X Elite mais aussi d'une puce Snapdradon X Plus. Comme à son habitude, la société a ponctué sa présentation de nombreuses comparaisons et scores de benchmarks. Scores qu’il ne faudrait toutefois pas prendre pour argent comptant, à en croire un article de SemiAccurate dans lequel l’auteur accuse Qualcomm de malversations.
Les Snapdraon X Elite et X Plus sont deux puces gravées en 4 nm par TSMC. Elles supportent jusqu’à 64 Go de LPPDR5-8448 ; prennent en charge le Wi-Fi 6, 6E et 7, la 5G (via le modem Snapdgargon X65) ; embarquent un NPU délivrant 45 TOPS (jusqu’à 75 TOPS pour le trio CPU / NPU / GPU). Le Snapdraon X Elite possède 12 cœurs CPU Oryon, contre 10 pour la version Plus. La partie graphique est assurée par un GPU Qualcomm Adreno. Celui du X Elite prend en charge un écran 4K/120 Hz et jusqu'à trois moniteurs externes 4K.
Qualcomm a révélé plusieurs versions de Snapdraon X Elite, mais qu'une seule du Snapdragon X Plus à ce stade. Les variantes du premier SoC se distinguent par leurs fréquences. Les informations restent malheureusement lacunaires ; l’entreprise n’a pas communiqué les TDP, entre autres.
Version Snapdragon | Snapdragon X Elite X1E-84-100 | Snapdragon X Elite X1E-80-100 | Snapdragon X Elite X1E-78-100 | Snapdragon X Plus X1P-64-100 |
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CÅ“urs CPU | 12 | 12 | 12 | 10 |
Fréquence max MT | 3,8 GHz | 3,4 GHz | 3,4 GHz | 3,4 GHz |
Boost Dual Core | 4,2 GHz | 4,0 GHz | Nada | Nada |
Cache total | 42 Mo | 42 Mo | 42 Mo | 42 Mo |
TFLOPS FP32 (Qualcomm Adreno GPU) | 4,6 | 3,8 | 3,8 | 3,8 |
NPU TOPs (Qualcomm Hexagon NPU) | 45 | 45 | 45 | 45 |
Support mémoire | LPDDR5X-8448 | LPDDR5X-8448 | LPDDR5X-8448 | LPDDR5X-8448 |
TDP | HTTP 404 | HTTP 404 | HTTP 404 | HTTP 404 |
À première vue, distinguer un Snapdragon X Elite X1E-78-100 d’un Snapdragon X Elite X1E-80-100 ne semble pas simple. Pour faciliter le décryptage, Qualcomm explique que le premier chiffre révèle la génération de la puce. Pour E et P, rien de très sorcier. Ensuite, les deux chiffres (78 et 80 dans les deux exemples ci-dessus) hiérarchisent les perfs : plus le nombre est élevé, plus la puce est puissante. Nous ne savons pas si ces valeurs s’inscrivent dans une échelle précise ou si elles sont arbitraires. Enfin, le 100 est sibyllin ; il correspond à la « variante ». Comme quoi, au regard de cette nomenclature, celle d’AMD paraît parfaitement intelligible – mais ce n’est peut-être qu’une question d’habitude.
Pour l’aspect logiciel, l’émulation d’applications Windows s’est étoffée au fil des mois. Qualcomm indique avoir collaboré avec Microsoft pour garantir la compatibilité des plus populaires.
Venons-en maintenant aux soupçons de bidonnage. Outre les benchmarks mis en évidence lors des présentations, Qualcomm a, tel que rapporté en début d’article, régulièrement invité des journalistes à des évènements privés. L’entreprise y exposait quelques ordinateurs munis de Snapdragon X Elite, lesquels étaient souvent accompagnés d’une petite fiche, à l'image de celle-ci dessous, contenant divers résultats de benchmarks (avec des scores bien quantifiés).
© TH.US
Charlie Demerjian de SemiAccurate accuse Qualcomm de tromperie. Il soutient son réquisitoire par l’invocation de trois sources : deux partenaires OEM de la société et une source interne à cette dernière. Selon lui, les résultats affichés par Qualcomm n’ont pu être reproduits. En conséquence, il les juge irrecevables.
Surtout qu'il ne s’agirait pas d’un écart minime. La publication parle « de performances bien inférieures à 50 % des chiffres annoncés par Qualcomm dans ses documents techniques et ses présentations », mentionne « une source anonyme comparant le Snapdragon X Elite aux puces Celeron d'Intel ». Face à ces retours, Qualcomm aurait rejeté la faute sur deux responsables : des systèmes de refroidissement inappropriés et une mauvaise optimisation de Windows sur Arm.
Pour la première défense, nous imaginons mal des équipementiers de premier plan être incapables de refroidir correctement des processeurs lors de phases de test ; c’est leur travail a priori… Même en admettant de tels erreurs au départ ou simplement quelques tâtonnements, des ajustements seraient rapidement mis en place.
Le deuxième point paraît plus crédible. De fait, Qualcomm s’est encore gardée de communiquer la moindre date de commercialisation pour des ordinateurs équipés de Snapdraon X ; or, le milieu d’année 2024 approche. Il n’est donc pas exclu que l’optimisation de Windows sur Arm prenne plus de temps que prévu.
Dans tous les cas, de telles causes ne justifieraient en rien la tromperie suggérée par l'article de SemiAccurate ; ne gommeraient pas le reproche formulé à l'encontre de Qualcomm de mentir sur les valeurs communiquées lors des présentations. Nous nous garderons bien d'émettre un jugement, mais le passage d’un Snapdragon X Elite dans Geekbench en février dernier avait effectivement abouti à des scores inférieurs à ceux fournis par la marque – mais clairement pas dans le même ordre de grandeur que celui avancé par Charlie Demerjian ; plutôt de -15 / 20 %. En outre, d'autres résultats montraient bien un Snapdragon X Elite en grande forme face à un Core Ultra.
L’auteur reproche également à l’entreprise de rester vague sur les spécifications techniques ; difficile de donner tort à cette seconde charge étant donné les spécifications encore lacunaires des Snapdragon X Elite / Plus malgré la succession d'évènements.
Il ajoute que l'entreprise évite de répondre aux questions techniques des journalistes, malgré la promesse d'apporter des réponses et de publier des briefings techniques approfondis avant la commercialisation des puces. Charlie Demerjian allègue également que Qualcomm a promis l'accès à des analyses indépendantes, mais qu'aucune de ces promesses n'a été tenue jusque-là . Précisons que la presse a bien pu effectuer des tests pratiques sur des appareils lors d'événements organisés par Qualcomm, mais avec des logiciels préinstallés et dans des conditions très contrôlées.
Quoi qu’il en soit, enjoliver des comparaisons n’a rien d’inédit, et tricher non plus – encore récemment, la SPEC a déclassé plus de 2600 résultats de CPU Intel pour excès d’optimisation. En revanche, faire passer l’équivalent d’un Celeron pour le messie des processeurs Arm serait un peu plus osé, et surtout très périlleux pour l’image de marque ; une telle supercherie serait rapidement avérée une fois les puces disponibles. Bref, attendons les tests indépendants avant de mettre Qualcomm au pilori.
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