Bientôt plus du tout de matos de chez ASML pour la Chine ? |
————— 07 Juillet 2022 à 07h11 —— 15019 vues
Bientôt plus du tout de matos de chez ASML pour la Chine ? |
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Le bras de fer économique et technologique entre la Chine et les USA est quelque peu passé au second plan ces derniers mois, mais la bataille entre les deux grandes puissances est très loin d'être terminée pour autant, bien au contraire. Les sénateurs américains seraient justement en train de concocter une nouvelle tentative pour embêter la Chine et la couper d'un approvisionnement essentiel : les machines lithographiques moins avancées du néerlandais ASML, fournisseur numéro 1 mondial dans ce domaine ! Plus précisément, il s'agirait maintenant aussi d'empêcher les fondeurs chinois de s'équiper en scanner DUV, le socle de toute usine moderne de production de semiconducteur - quels qu'ils soient - et sans lequel rien n'est vraiment possible.
ASML vend à ce jour plus de 250 de systèmes DUV par an et espère bien pouvoir atteindre les 375 d'ici 2025 - des prévisions qui incluent d'ailleurs sans aucun doute les ventes en direction de la Chine, qui a tout de même contribué à générer 16 % du chiffre d'affaires d'ASML en 2021. Un scanner DUV peut être utilisé pour du wafer 300 mm, 200 mm et 150 mm, autant pour du procédé avancé de 28 nm et mieux, que du procédé mature de 40 nm et plus, et donc pour la production de la vaste majorité des semiconducteurs de ce monde, dont les puces logiques, la NAND et la DRAM.
Ces dernières années, les fondeurs chinois ont énormément dépensé pour acheter du matériel lithographique, dont les systèmes les moins sophistiqués sont jusqu'à présent toujours épargnés par les restrictions américaines, ce qui a permis à la Chine de construire de nouvelles usines et de les équiper. Précisons qu'il est déjà depuis un bon moment impossible pour des entreprises chinoises de mettre la main sur les outils les plus avancés d'ASML, tels que ses scanners EUV. L'extension de la mesure à la machinerie DUV porterait inévitablement un coup très dur aux ambitions chinoises.
Certes, ASML a rappelé qu'il n'est pas le seul fournisseur de ce type de machine, Canon et Nikon aussi sont actifs sur ce segment, mais à une échelle beaucoup plus modeste. Il est peu probable que ceux-ci seraient en mesure de prendre la relève, en supposant d'ailleurs qu'ils seraient autorisés à le faire... Les USA pourraient évidemment aussi mettre en œuvre d'autres mesures pour mettre davantage de bâtons dans les roues de l'industrie locale chinoise du semiconducteur, un fab contemporain étant généralement équipé de nombreux outils de compagnies américaines (comme Applied Materials, KLA et Lam Research).
En revanche, ce qui ferait ainsi assurément très mal à la Chine devrait logiquement aussi impacter le reste du monde et toute la clientèle des nombreuses entreprises non chinoises du semiconducteur ayant des usines en Chine. Pour sûr, l'approvisionnement en semiconducteur ne s'en porterait certainement pas mieux, du moins à court et moyen terme. Bon, rien ne dit que les USA arriveront à convaincre les autorités néerlandaises et la direction d'ASML à franchir ce pas. Pour l'anecdote, le motif avancé pour justifier la mesure serait relativement le même que toujours. Grosso modo, il s'agirait d'empêcher la Chine de devenir un leader dans la production de semiconducteur et la conception de puces sophistiquées pouvant contribuer à faire avancer le pays dans le domaine du supercomputing et le domaine militaire. ASML et Nikon ont refusé de commenter ces rumeurs. (Source : Bloomberg, via Computerbase et Tom's)