Test • Intel Ivy Bridge et Z77 Express

• Verdict

Nous voici au bout de ce dossier, alors que vaut-elle Ivy la coquine qui faisait fantasmer de nombreux ragôteurs depuis des lustres ? En fait, il y a d'abord tous les points positifs à savoir enfin une compatibilité conservée avec la plateforme précédente, ce qui ravira ceux désirant faire évoluer en douceur leur configuration. Ensuite, l'intégration dans le CPU du PCIe 3.0 gage de pérennité pour l'avenir du côté des cartes graphiques. On pointera aussi l'ajout d'instructions pour les extensions AVX qui pourront apporter des gains notables dans le futur s'ils sont employés par les éditeurs logiciels.

Du côté des performances c'est du solide, en partant sur une base Sandy Bridge, le contraire eut été étonnant. Après, selon que l'on dispose déjà d'une puce de la génération précédente le verdict à ce niveau pourra être bien différent. Difficile en effet de considérer un gain moyen proche de 5% comme étant significatif et nécessitant un changement de processeur, ou alors en partant d'une version bien plus basse dans la hiérarchie précédente. Ceux ne disposant par contre pas de configuration ou d'une puce plus ancienne n'auront pas de raison de bouder la nouvelle venue qui est facturée légèrement moins cher que l'équivalent Sandy Bridge (le 3770K est légèrement moins cher que le 2600K par exemple pourtant cadencé 100 MHz de moins), toujours bon à prendre d'autant que le passage à la gravure 22nm TriGate a un impact loin d'être négligeable en terme de consommation. Il ne faut pas oublier non plus un IGP plus performant qui, sans atteindre le niveau de la concurrence dans ce domaine, propose des gains d'une cinquantaine de pourcents face à ces prédécesseurs tout en ajoutant la prise en charge de DirectX 11 et d'un encodeur H264 plus performant (reste à vérifier la qualité restituée, clairement insuffisante sur la première version).

On notera qu'Ivy Bridge a été repoussé par rapport à la roadmap initiale d'Intel et que ne seront disponibles ce jour que les versions desktop et encore pas toutes ! A priori plus qu'un souci technique, il s'agirait d'écouler les stocks de Sandy Bridge encore trop élevés avant de démocratiser Ivy Bridge sur toutes les tranches de marché. Il est important de noter qu'à la vue de ses apports (consommation en berne et performances IGP en hausse), c'est bien les plateformes mobiles qui seront les plus à même d'en profiter, secteur où il ne devrait par contre pas pointer le bout de ses transistors avant le mois de juin... Les versions DualCore desktop seront également lancées un peu plus tard, bref difficile de jauger dans son ensemble ce TICK juste avec son processeur le plus performant.

Point agaçant s'il en est, la volonté de segmentation à tout prix d'Intel qui se traduit par des CPU toujours limités côté overclocking ou IGP si l'on opte pas pour la version spécifiquement prévue pour. Pire, cette segmentation se retrouve au niveau des plateformes qui sont pour la plupart artificellement bridées afin de maximiser les profits. Puisque l'on parle de ces dernières, le Z77 Express est le successeur logique du Z68 Express, proposant des nouveautés mais toujours par petites doses (ici l'intégration de 4 ports USB 3.0) histoire de justifier d'autres petites nouveautés pour la plateforme suivante... On oubliera très vite les artificiels System Responsiveness et Virtu qui n'ont en définitive que bien peu d'intérêt, au contraire du Thunderbolt qui manque malheureusement le lancement faute de puce idoine chez le fondeur pour le moment. Toutefois les chipsets série 7 sont compatibles avec cette technologie qui devrait débarquer sous peu sur les cartes mères de cette génération. Dernier point notable, la prise en charge de 3 écrans simultanés avec le nouvel IGP ce qui plaira aux amateurs de bureau agrandi.

Voici résumé en quelques lignes Ivy Bridge, un TICK donc forcément plus limité dans ses apports qu'un TOCK et donc moins suceptible de créer de grosses différences. Pour autant on reste toujours plus que perplexe quant à la politique de segmentation suivie par Intel, au vu des résultats financiers de ce dernier c'est une réussite pour sûr, mais elle n'est guère du goût du consommateur qui pourrait bien se montrer peu fidèle à force de tirer sur la corde si d'aventure le concurrent arrivait à revenir au niveau. Car c'est bien là que se situe le coeur du problème, une absence de concurrence efficace conduisant dès lors à un certain conservatisme d'Intel, dominateur au possible. Difficile toutefois de reprocher au fondeur les échecs de son concurrent et Ivy Bridge sera à n'en pas douter un redoutable adversaire pour les futures puces de ce dernier. Un possesseur de Sandy Bridge n'y trouvera probablement pas son compte à contrario d'un nouvel acquéreur, en conséquence, nous attribuons l'argent en espérant encore une fois (un voeu pieu ?) qu'AMD se ressaisisse et offre enfin un niveau de concurrence propice à une évolution plus soutenue des prestations à l'avenir.

Nous remercions naturellement nos partenaires pour la mise à disposition du matériel.